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Mon jounal à Paris: Quand je suis arrivé à Paris, je n'ai connu personne.  Il y a un autre américain ici, qui s'appelle Matt.  Il vient de Wyoming, dans l'ouest des États-Unis.  Voici quelques sujets de conversation nous avons eu entre nous.
 
Malgré que nous sommes américains, et nous pouvons parler en anglais, je lui a dit qu'il vaut mieux si nous nous parlons en français. 

Mon Premier Sujet : Comment doit-on apprendre une langue étrangère?

Un jour j'ai demandé à Matt:
Combien de temps me faura-t-il pour apprendre le français?
Matt -- Dans une certaine mesure, tu sais déjà le français.  En quelques mois, il est possible à un adulte de connaître une langue étrangère assez bien pour parler avec les gens du pays et pour pouvoir se débrouiller.
Moi -- Que veut dire <<se débrouiller>>?
Matt -- <<Se débrouiller>> veut dire <<se tirer d'affaire>>.
Moi -- Mais que veut dire <<se tirer d'affaire>>?
Matt -- On se débrouille, on se tire d'affaire, quand d'une manière ou d'une autre, on sorte d'une situation difficile par tes propres moyens.
Moi -- Je ne comprends pas.  Que veut dire <<se débrouiller>> en anglais?
Matt -- Tu sais bien que je refuse toujours de traduire les nouvelles expressions en anglais.  Il est indispensable que tu réfléchisses à l'expression et aux exemples que je te donne et que tu essaies d'en deviner le sens.  C'est par ce travail personnel que tu apprendes le français.
Moi -- Mais il semble que nous perdions beaucoup de temps ainsi.
Matt -- Quequefois on gagne du temps en le perdant.  Il est possible qu'il soit plus facile de traduire en effet; mais chaque fois que tu traduisses tu perds une occasion de réfléchir et de penser en français.  Les gens pensent très souvent que parler une langue étrangère, c'est traduire rapidement d'une langue à l'autre.  C'est n'est pas vrai.  On sait une seconde langue lorsqu'on la parle spontanément et tout à fait sans passer par sa propre langue.  Quand tu traduisses, tu crées un obstacle entre la nouvelle langue et toi-même.
Moi -- Je ne comprends pas ce que tu voulais dire.
Matt -- Je m'explique.  Une langue n'est pas seulement un phénomène du monde extérieur. C'est aussi un phénomène du monde intérieur mental qui appartient à notre subjectivité.  Une langue est une création humaine et même très personnelle.  On l'a souvent dit: le caractérise l'homme.
Moi -- Tu voulais me dire que les animaux ne parlent pas?  Je parle à ma chienne et elle me comprend.
Matt -- Oui, mais elle ne te répond pas.
Moi -- Si.  Elle aboie pour me saluer.  Elle montre sa joie de me voir.
Matt -- Mais elle ne te parle pas.  Elle ne t'a jamais parlé <<bonjour>> ou <<au revoir>>.
Moi -- C'est vrai.  Mais les perroquets parlent.
Matt -- Oh, c'est tout à fait différent. C'est purement mécanique.  Les perroquets parlent, mais ils ne répondent pas.  Ils preuvent imiter la language humain, mais ils ne peuvent pas l'inviter.  Si je dis <<bonjour>>à mon perroquet, il me dira toujours les mêmes mots, ceux qu'il a appris par coeur; il n'invitera jamais une nouvelle réponse.  Il ne parlera pas spontanément.
Moi -- Mais moi, je ne parle pas spontanément.  J'hésite.  Je chereche mes mots.  Comment voulais-tu que je parle spontanément si mes connaissances du français sont trop limitées?
Matt -- Notes que tu parles déjà spontanément par moments.  Il y a déjà certaines choses que tu peux dire presque sans réfléchir.  Mais tu veux aller trop vite. 
Moi -- Alors, parler spontanément, c'est parler sans réfléchir?
Matt -- Non.  C'est parler et réfléchir simultanément.  Voilà la vrai spontanéité.  Quand tu parles anglais, il n'est pas nécessaire que tu aies formé tes phrases mentalement avant de les prononcer.  Tu les formes en même temps que tu parles.  Très souvent, tu découvres ta penseé en expriment.  Il faut que tu apprendes à faire la même chose en français.
Moi -- Mais comment?
Matt -- Mais tu le fais déjà: par la pratique, par l'exercice, par la conversation.  On apprend à parler en parlant.  C'est pourquoi tu as besoin de moi et les autres ici.
Moi -- Il faut donc que je te imite?
Matt -- Oui, il faut que tu m'imites, mais il faut aussi que tu inventes toi-même tes propre expression.  Ce qui est imporant, ce n'est pas d'imiter, mais d'inviter.  Pense à ton perroquet: il imite, mais il n'invente pas.
Moi -- Est-ce que les enfants n'apprennent pas les langues plus facilement et mieux que les grandes personnes?
Matt -- Ça, c'est un grand problème.  D'abord, les enfants n'apprennent pas les langues facilement comme on le dit trop souvent.  Les enfants n'apprennent leur langue; ils apprennent à parler.  Il inventent le language.  Et ce processus est souvent très difficile pour l'enfant.  Un enfant qui change de pays et de langue est souvent pendant une période de temps traumatisé par cette expérience.  Il se peut même qu'il refuse de parler et qu'il tombe dans un mustisme total.  Mais c'est un fait: quand un enfant commence à parler une nouvelle langue, il la parle presque toujours parfaitement, c'est-à-dire sans accent et tout à fait correctement.  Chez l'adulte, le processus est plus rapide, moins traumatisant, c'est-à-dire moins intime et plus rationnel.
Moi -- Est-ce je saurai le français un jour aussi bien que les Français?
Matt -- Oui et non.  C'est-à-dire mieux et moins bien.  Il est vrai qu'on n'a qu'une seule langue maternelle comme on n'a qu'un seul père ou qu'une seule mère.  Mais dans certaines circonstances, on peut connaître une seconde langue mieux que la première langue.  Mais en général, c'est notre première langue qui reste dominant puisque c'est par elle que nous avons découvert le language.
Moi -- Il y a trop de choses que je ne sais pas dire en français.  Mon problème est un problème de vocabulaire.
Matt -- Je ne suis pas d'accord.  Ton problème n'est pas d'abord un problème de vocabulaire.  Dans la conversation normale, on se sert de quelques centaines de mots.  Racine a écrit ses tragédies avec un vocabuilaire de 1.200 è 1.400 mots et les linguistes disent que le français fondamental exige un vocabulaire de 1.300 à 1.500 mots.  Au fond, la grammaire et la syntaxe sont plus importantes que le vocabulaire.  Il faut que tu te mets dans la langue et que le langage français entre en toi.  Alors, tu commenceras vraiment à parler français. 
Moi -- Mais pourquoi faut-il que j'apprenne le français?
Matt -- Je ne sais pas.  Pourquoi l'études-tu?
Moi -- C'est à toi de répondre, monsieur.  Tu évites la question.
Matt -- Eh bien, je vais répondre.  ll y a à la fois toutes sortes de raisons pour étudier le français et aucune.  Mais c'est la même chose pour toutes les études.  N'oublies pas que tu études le français dans un certain contexte culturel parce que tu es étranger du pays.  Les meilleures raisons pour étudier le français sont certainement des raisons culturelles et historiques.  La langue française comme d'autres langues, a joué un très grand rôle dans l'histoire culturelle de l'Occident. et c'est pourquoi nous l'étudions.
Moi -- Tu parles de culture française; quand est-ce que nous pourrons commencer à lire des textes littéraires en français?
Matt -- Nous commencerons à lire des textes littéraires.  Mais d'abord, il faut que tu complétes tes connaissances des structures de base de la langue.  Avant de commencer à lire des textes littéraires, il faut aussi apprendre le passé simple.  Ce n'est pas un temp difficile et on l'emploie beaucoup en littérature.
Moi -- Est-ce que la langue littéraire est très différente de la langue de tous les jours en français?
Matt -- Assez différente.  C'est surtout une langue beaucoup plus complexe, faite de phrases plus longues et qui se composent de beaucoup de propositions subordonnées.  Dans la conversation courante, nous nous servons de phrases plus courtes et d'expressions plus conventionnelles.  Mais la langue littéraire est beaucoup plus élaborée.  Paul Valéry a très bien exprimé cette différence par une formule extraordinaire: <<La Poésie, disait-il, est une langue dans un langage.>>
Moi -- Comment faut-il que je lise un texte littéraire?  Le problème du vocabulaire est vraiment très décourageant.
Matt -- Moins découragement que tu ne l'images.  D'abord, les textes classiques du 17e du 18e siècles ne sont pas très difficiles du point de vue du vocabulaire.  Les textes de la Renaissance, du 19e et du 20e siècles au contraire présent de nombreux problèmes de vocabulaire.
Moi -- Et les textes du Moyen Age?
Matt -- Ils sont écrits en ancien français.  La langue moderne ne permet pas plus de les lire que l'anglais moderne ne permet de lire Chaucer ou les auteurs qui le précèdent.  Mais souviens-toi qu'un texte littéraire est un contexte et très souvent, c'est par le contexte qu'on découvre le sens des mots. 
Moi -- Qu'est-ce qu'un <<contexte>>?
Matt -- Un contexte, c'est un texte avec tous les éléments qui l'accompagnent: idées, images, attitudes de l'écrivain, période historique, etc....Parfois un mot qui n'est pas clair en soi devient clair quand on le place dans son contexte.  Or, ce contexte change d'auteur en auteur.  Le contexte de Gide n'est pas le contexte de Montaigne.
Moi -- Mais pour lire un texte littéraire, il faut absolument traduire.
Matt -- Absolument pas.  En traduisant, tu vas éviter le problème de la lecture.
Moi -- Mais alors, comment allons-nous faire?
Matt -- N'oublies pas que tu as déjà lu un certain nombre de textes sans les traduire.  Dans quelques semaines, nous allons commencer à lire des textes plus difficiles.  D'abord, je te présenterai le nouveau texte dans son contexte.  Je t'expliquerai les nouvelles expressions.  Et je te parlerai du contenu du texte.  Donc, au moment de le lire, tu verras qu'il tu es déjà un peu familier.  Ensuite, il faut que tu te serves de ton lexique en français qui est fait spécialement pour cet exercice de lecture et qui contient les expressions difficiles.
Moi -- Pouvons-nous nous servir d'un dictionnaire français-anglais pour gagner du temps?
Matt -- Tu voulais dire pour perdre du temps.  Non. Il faut que tu apprennes à lire en français.  L'anglais, tu le sais déjà.  Un autre conseil: Quand tu commenceras à lire un nouveau texte en français, lis-le à haut voix.  Ce sera pour toi un double exercice: de prononciation et de lecture individuelle.
Moi -- Mais cela va prendre beaucoup de temps!  Nous lirons trop lentement.
Matt -- Mais pourquoi vouloir aller si vite?  Justement, je veux que tu lisses lentement.  Les améicains lisent en général trop rapidement.  Ils confondent comprendre et apprendre.  Ils confondent aussi la lecture des textes scientifiques et des textes littéraires.  On lit un texte scientifique pour les informations qu'il contient.  Un texte littéraire est, au contraire, une sorte de voix humaine qu'on apprécie pour sa beauté et pour les idées qu'elle exprime.  Il faut que te prennes le temps de l'entendre.  Il faut qu'll pénètre en toi.
Moi -- Comment peut-on savoire qu'on a compris un texte littéraire?
Nous compenons un texte littéraire par un acte individuel que nous appelons <<intuition>>.  Quand nous saissions intuitivement le sens d'un texte, nous sentinons que <<nous avons compris>>.
Moi -- Et si nous nous trompons?
Matt -- Je te corrigerai.
Moi -- Et si tu te trompes?
Matt -- Dan ce cas-là, tu me corrigeras.  Il est possible que tes intuitions soient meilleures que les miennes et qu'en lisand, tu aies mieux compris que moi.
Moi -- Alors, il n'y a pas de critères objectifs en littérature?
Matt -- Oui et non.  Nous ne pouvons pas savoir en littérature comme nous pouvoirs  savoir en sciences.  Il faut interpréter davantage.  Mais certaines interprétations sont justifiées; d'autres ne le sont pas.
Moi -- Alors, comment est-il possible d'être sûr?
Matt -- Par le texte.  Il supporte certaines interprétations; il est impossible de lui en donner d'autres.
Moi -- On ne peut donc jamais être sûr?
Matt -- Je suis obligé de répondre encore une fois oui et non.  Par sa subjectivité, la littérature s'adresse à nous personnellement; mais par son objectivité, elle nous permet de rendre notre subjectivité universelle.  Prouse a très bien exprimé ce double aspect de la littérature dans cette scène de la <<madeleine>>:  <<Grave incertitude, toutes les fois que l'esprit sent dépassé par lui-même, quand lui, le chercheur, est le pays obscur où il doit chercher...>>
Moi -- Je ne sais pas si je vais aimer l'étude de la littérature.  J'aime les choses plus positives.
Matt -- Un peu de patience.  Tu verras bien.
Moi -- Eh bien!  Moi, je pense que nous verrons très mal.
Matt -- Quoi?  Déjà un jeu de mots?  Mais dis-moi, est-ce que tu ne te moques pas de moi?  Comment faut-il que je comprenne ta phrase?
Moi -- Par le contexte, monsieur, par le contexte!
 

Mon Deuxième Sujet

De <<La Nausée>> de Jean-Paul Sartre:
Antoine de Roquefort écrit:
Donc jétais tout à l'heure au Jardin publique.  La racine du marronnier s'enfonçait dans la terre, juste au-dessous de mon banc.  je ne me rappelais plus que c'était une racine.  Les mots s'étaient évanouis et, avec eux, la signification des choses, leurs modes d'emploi, les faibles repères que les hommes ont tracés à leur surface.  J'étais assis, un peu voûté, la tête basse, seul en face de cette masse noire et noueuse entièrement brute et qui me faisant peur.  Et puis j"ai eu cette illumination.
Ça ma coupé le souffle.  Jamais, avant ces dernier jours, je n'avais pressenti ce que voulait dire <<exister>>.